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					  Napoleon's
						Correspondence December 3rd, 1805 (9540 - 9541) -
						Austerlitz    
					 
					  9540. - A M. TALLEYRAND.   
					 Austerlitz, 12 frimaire an XIV (3 décembre 1805).
						  
					 Je ne puis vous écrire que deux moss: une
						armée de 100,000 hommes, commandée par les deux empereurs, est
						entièrement détruite. Tout protocole devient inutile. Les
						négociations deviennent nulles, puisqu'il est évident qu'elles
						étaient une ruse de guerre pour m'endormir. Le général
						Gyulai a écrit au prince Charles qu'il y aurait bataille; il fait alors
						le métier d'espion. Dites à M. de Stadion que je n'ai pas
						été la dupe de leur ruse; que c'est pour cela que je les ai
						renvoyés de Brünn; que, la bataille étant perdue, les
						conditions ne peuvent plus etre les mêmes.   
					 NAPOLEON.   
					  Archives de l.Empire.   
					  9541 - 30e BULLETIN DE LA GRANDE ARMÉE.   
					 Austerlitz, 12 frimaire au XIV (3 décembre 1805).
						  
					  Le 6 frimaire, l'empereur, en recevant la communication des
						pleins pouvoirs de MM. de Stadion et Gyulai, offrit préalablement un
						armistice, afin d'épargner le sang, si l'on avait effectivement envie de
						s'arranger et d'en venir à un accommodement définitif. Mais il
						fut facile à l'Empereur de s'apercevoir qu'on avait d'autres projets;
						et, comme l'espoir du succès ne pouvait venir à l'ennemi que du
						cote de l'armée russe, il conjecture aisément que les
						deuxième et troisième armées étaient
						arrivées ou sur le point d'arriver à Olmutz, et que les
						négociations n'étaient plus qu'une ruse de guerre pour endormir
						sa vigilance.   
					 Le 7, à neuf heures du matin, une nuée de
						Cosaques soutenue par la cavalerie russe fit plier les avant-posses du prince
						Murat, cerna Wischau et y prit 50 hommes à pied du 6e régiment de
						dragons. Dans la journée, l'empereur de Russie se reedit à
						Wischau, et toute l'armée russe prit position derrière cette
						ville.   
					  L'Empereur avait envogé son aide de camp le
						général Savary pour complimenter l'empereur de Russie, dès
						qu'il avait su ce prince arrivé à l'armée. Le
						général Savary revint au moment où l'Empereur faisait la
						reconnaissance des feux des bivouacs ennemis placés à Wischau. Il
						se loua beaucoup du bon, accueil' des gràces et des bons sentiments
						personnels de l'empereur de Russie, et même du grand-due Constantin, qui
						eut pour lui toute espèce de soins et d'attentions; mais il lui fut
						facile de comprendre , par la suite des conversations qu'il eut, pendant trois
						jours, avec une trentaine de freluquets qui, sous différents titres,
						environnent l'empereur de Russie, que la présomption , l'imprudence et
						l'inconsidération régneraient dans les décisions du
						cabinet militaire comme elles avaient régné dans celles du
						cabinet politique.   
					 Une armée ainsi conduite ne pouvait tarder à
						faire des fautes. Le plan de l'Empereur fut, dès ce moment, de les
						attendre et d'épier l'instant d'en profiter. Il donna sur-le-champ ordre
						de retraite à son armée, se retire de nuit comme s'il eût
						essuyé une défaite' prit une bonne position , à trois
						lieues en arrière, et fit travailler avec beaucoup d'ostentation
						à la fortifier et à y établir des batteries.   
					 Il fit proposer une entrevue à l'empereur de Russie,
						qui lui envoya son aide de camp le prince Dolgorouki. Cet aide de camp put
						remarquer que tout respirait, dans la contenance de l'armée
						française, la reserve et la timidité. Le placement des
						grand'gardes, les fortifications que l'on faisait en toute hàte, tout
						laissait voir à l'officier russe une armée à demi battue.
						  
					  Contre l'usage de l'Empereur, qui ne reçoit jamais
						avec tent de circonspection les parlementaires à son quartier
						général, il se reedit lui-même à ses avant-posses.
						Après les premiers compliments, l'officier russe voulut entamer des
						questions politiques. Il tranchait sur tout avec une impertinence difficile
						à imaginer. Il était dans l'ignorance la plus absolue des
						intérêts de l'Europe et de la situation du continent.
						C'était, en un mot, une jeune trompette de l'Angleterre. Il parfait
						à l'Empereur comme il parle aux officiers russes, que depuis longtemps
						il indigne par sa hauteur et ses mauvais procédés. L'Empereur
						contint toute son indignation, et ce jeune homme, qui a pris une
						véritable influence sur l'empereur Alexandre, retourna plein de
						l'idée que l'armée française était à la
						veille de sa perte. On se convaincra de tout ce qu'a dû souffrir
						l'Empereur, quand on saura que ' sur la fin de la conversation, il lui proposa
						de céder la Belgique et de mettre la couronne de fer sur la tête
						des plus implacables ennemis de la France.   
					  Toutes ces différents démarches remplirent
						leur effet. Les jeunes fetes qui dirigent les affaires russes se
						livrèrent sans mesure à leur présomption naturelle. Il
						n'était plus question de battre l'armée française, mais de
						la tourner et de la prendre: elle n'avait tent fait que par la
						làcheté des Autrichiens. On assure que plusieurs vieux
						généraux Autrichiens, qui avaient fait des campagnes contre
						l'Empereur, prévinrent le conseil que ce n'était pas avec cette
						confiance qu'il fallait marcher contre une armée qui comptait tent de
						vieux soldats et d'officiers du premier mérite. Ils disaient qu'ils
						avaient vu l'Empereur, réduit à une poignée de monde, dans
						les circonstances les plus difficiles , ressaisir la victoire par des
						opérations rapides et imprévues, et détruire les
						armées les plus nombreuses; que cependant, ici, on n'avait obtenu aucun
						avantage; qu'au contraire, toutes les affaires d'arrière-garde de la
						première armée russe avaient été en faveur de
						l'armée française. Mais à cela cette jeunesse
						présomptueuse opposait la bravoure de 80,000 Russes, l'enthousiasme que
						leur inspirait la présence de leur empereur, le corps d'élite de
						la garde impériale de Russie, et, ce qu'ils n'osaient probablement pas
						dire, leur talent, dont ils étaient étonnés que les
						Autrichiens voulussent méconnaître la puissauce.   
					  Le 10, l'Empereur, du haut de son bivouac, aperçut,
						avec une indicible joie, l'armée russe commençant, à deux
						portées de canon de ses avant-posses , un mouvement de flanc pour
						tourner sa droite. Il vit alors jusqu'à quel point la présomption
						et l'ignorance de l'art de la guerre avaient égaré les conseils
						de cette brave armée; il dit plusieurs fois : " Avant demain au soir,
						cette armée est à moi. " Cependant le sentiment de l'ennemi
						était bien différent. Il se présentait devant nos
						grand'gardes à portée de pistolet. Il défilait par une
						marche de flanc, sur une ligne de quatre lieues, en prolongeant l'armée
						française , qui paraissait ne pas oser sortir de sa position. Il n'avait
						qu'une crainte, c'était que l'armée française ne lui
						échappàt. On fit tout pour confirmer l'ennemi dans cette
						idée. Le prince Murat fit avancer un petit corps de cavalerie dans la
						plaine; mais tout d'un coup il parut étonné des forces immerses
						de l'ennemi , et rentra à la hàte. Ainsi tout tendait à
						confirmer le général russe dans l'opération mal
						calculée qu'il avait arrêtée.   
					 L'Empereur fit mettre a l'ordre la proclamation ci-jointe.
						  
					  Le soir, il voulut visiter à pied et incognito tous
						les bivouacs; mais à peine eut-il fait quelques pas qu'il fut reconnu.
						Il serait impossible de peindre l'enthousiasme des soldats en le voyant. Des
						fanaux de paille furent mis en un instant au haut de milkers de perches, et
						80,000 hommes se présentèrent au-devant de l'Empereur en le
						saluant par des acclamations ; les uns pour fèter l'anniversaire de son
						couronnement; les autres disant que l'armée donnerait le lendemain son
						bouquet à l'Empereur. Un des plus vieux grenadiers s'approcha de lui, el
						lui dit: " Sire, tu n'auras pas besoin de t'exposer. Je te promets, au nom des
						grenadiers de l'armée, que tu n'auras à combattre que des yeux,
						et que nous t'amènerons demain les drapeaux et l'artillerie de
						l'armée russe, pour célébrer l'anniversaire de ton
						couronnement." l'Empereur dit' en entrant dans son bivouac, qui consistait en
						une mauvaise cabane de paille sans toit que lui avaient faite les grenadiers:
						"Voilà la plus belle soirée de ma vie, mais je regrette de penser
						que je perdrai bon nombre de ces braves gens. Je sens, au mal que cela me fait,
						qu'ils sont véritablement mes enfants; et, en vérité, je
						me reproche quelque, fois ce sentiment ' car je crains qu'il ne finisse par me
						rendre inhabile à faire la guerre. "   
					 Si l'ennemi eût pu voir ce spectacle, il eut
						été épouvanté; mais l'insensé continuait
						toujours son mouvement et courait à grands pas a sa perte.  
					 L'Empereur fit sur-le-champ toutes ses dispositions de
						bataille. Il fit partir le maréchal Davout en toute hàte , pour
						se rendre au couvent de Raigern. Il devait, avec une de ses divisions et une
						division de dragons , y contenir l'aile gauche de l'ennemi , afin qu'au moment
						donné elle se trouvàt toute enveloppee. Il donna le commandement
						de la gauche au maréchal Lannes, de la droite au maréchal Soult'
						du centre au maréchal Bernadotte' et de toute la cavalerie, qu'il
						réunit sur un seul point, au prince Murat. La gauche du maréchal
						Lannes était appuyée au Santon, position superbe que l'Empereur
						van' fait fortifer, et où il avait fait placer dix-huit pièces de
						canon. Dès la veille, il avait confié la garde de cette belle
						position au 17e régiment d'infanterie légère ; et certes
						elle ne pouvait ètre gardée par de meilleures troupes. La
						division du général Suchet formait la gauche du maréchal
						Lannes; celle du général Caffarelli formait sa droite' qui
						était appuyée à la cavalerie du prince Murat; celle-ci
						avait devant elle les hussards et chasseurs, sous les ordres du
						général Kellermann , et les divisions de dragons Walther et
						Beaumont, et, en réserve. les divisions de cuirassiers des
						généraux Nansouty et d'Hautpoul, avec vingt-quatre pièces
						d'artillerie légère.   
					 Le maréchal Bernadotte, c'est-à-dire le
						centre, avait à sa gauche la division du général Rivaud ,
						appuyée à la droite du prince Murat, et à sa droite la
						division du général Drouet.   
					  Le maréchal Soult, qui commandait la droite de
						l'armée' avait à sa gauche la division du général
						Vandamme. au centre la division du général Saint-Hilaire,
						à sa droite la division du général Legrand.   
					 Le maréchal Davout était
						détaché, et sur la droite du général Legrand, qui
						gardait les débouchés des étangs des villages de Sokolnitz
						et de Telnitz. Il avait avec lui la division Friant et les dragons de la
						division du général Bourcier. La division du
						général Gudin devait se mettre, de grand matin, en marche de
						Nikolsburg pour contenir le corps ennemi qui aurait pu déborder la
						droite.   
					 L' Empereur, avec son fidèle compagnon de guerre le
						maréchal Berthier, son premier aide de camp le colonel
						général Junot , et tout son état-major, se trouvait en
						réserve avec les dix bataillons de sa Garde et les dix bataillons de
						grenadiers du général Oudinot, dont le général
						Duroc commandait une partie.   
					  Cette réserve était rangée sur deux
						lignes , en colonnes par bataillon , à distance de déploiement,
						ayant dans les intervalles quarante pièces de canon servies par les
						canonniers de la Garde. C'est avec cette réserve que l'Empereur avait le
						projet de se précipiter partout où il eut été
						nécessaire. On peut dire que cette réserve seule valait une
						armée.   
					 A une heure du matin , l'Empereur monta à cheval pour
						parcourir ses posses , reconnaître les feux des bivouacs de l'ennemi , et
						se faire rendre compte par les grand'gardes de ce qu'elles avaient pu entendre
						des mouvements des Russes. Il apprit qu'ils avaient passé la nun' dans
						l'ivresse et des cris tumultueux, et qu'un corps d'infanterie russe
						s'était présente au village de Sokolnitz , occupé par un
						régiment de la division du général Legrand , qui re-ut
						ordre de le renforcer.   
					 Le 11 frimaire, le jour parut enfin. Le soleil se leva
						radieux, et cet anniversaire du couronnement de l'Empereur, où allait se
						passer un des plus beaux fan's d'armes du siècle, fut une des plus
						belles journées de l'automne.   
					  Cette bataille, que les soldats s'obstinent à
						appeler la journée des trois empereurs, que d'autres appellent la
						journée de l'anniversaire et que l'Empereur a nommée la bataille
						d'Austerlitz, sera à jamais mémorable dans les fastes de la
						grande nation.   
					 L'Empereur, entouré de tous les maréchaux,
						attendait pour donner ses derniers ordres que l'horizon fût bien
						éclairci. Aux premiers rayons du soleil les ordres furent donnés,
						et chaque maréchal rejoignit son corps au grand galop. L'Empereur dit en
						passant sur le front de bandière de plusieurs régiments: "
						Soldats, il faut finir cette, campagne par un coup de tonnerre qui confonde
						l'orgueil de nos ennemis; et aussitôt les chapeaux au bout des
						baïonnettes et des cris de Vive l'Empereur! furent le veritable signal du
						combat. Un instant après, la canonnade se fit entendre à
						l'extrémité de la droite, que l'avant-garde ennemie avait
						déjà débordée. Mais la rencontre imprévue du
						maréchal Davout arrêta l'ennemi tout court, et le combat
						s'engagea.   
					 Le maréchal Soult s'ébranle au même
						instant, se dirige sur les hauteurs du village de Pratzen avec les divisions
						des généraux Vandamme et Saint-Hilaire, et coupe
						entièrement la droite de l'ennemi, dont tous les mouvements devinrent
						incertains. Surprise par une marche de flanc pendant qu'elle fuyait, se croyant
						attaquante et se croyant attaquée, elle se regarde comme à demi
						battue.   
					 Le prince Murat s'ébranle avec sa cavalerie. La
						gauche, comemandée par le maréchal Lannes, marche en
						échelons par régiment, comme à l'exercice. Une canonnade
						épouvantable s'engage sur toute la ligne. Deux cents pièces de
						canon et près de 200,000 hommes faisaient un bruit affreux.
						C'était un véritable combat de géants. Il n'y avait pas
						une heure que l'on se battait, et toute la gauche de l'ennemi était
						coupée. Sa droite se trouvait déjà arrivée à
						Austerlitz, quartier général des deux empereurs, qui durent faire
						marcher sure le-champ la garde de l'empereur de Russie pour tàcher de
						rétablir la communication du centre avec la gauche. Un bataillon du 4e
						de ligne fut chargé par la garde impériale russe à cheval,
						et culbuté; mais l'Empereur n'était pas loin; il s'aperçut
						de ce mouvement, il ordonna au maréchal Bessières de se porter au
						secours de sa droite avec ses invincibles, et bientôt les deux gardes
						furent aux mains. Le succès ne pouvait être douteux: dans un
						moment la garde russe fut en déroute ; colonel, artillerie ,
						étendards, tout fut enlevé. Le régiment du grand-due
						Constantin fut écrasé; lui-même ne dut son salut
						qu'à la vitesse de son cheval.  
					 Des hauteurs d'Austerlitz, les deux empereurs virent la
						défaite de toute la garde russet Au même moment, le centre de
						l'armée, commandé par le maréchal Bernadotte,
						s'avança. Trois de ses régiments soutinrent une très-belle
						charge de cavalerie. La gauche, commandée par le maréchal Lannes,
						donna plusieurs fois; toutes les charges furent victorieuses. La division du
						général Caffarelli s'est distinguée. Les divisions de
						cuirassiers se sont emparées des batteries de l'ennemi.   
					  A une heure après midi la victoire était
						décidée. Wile n'avait pas été un moment douteuse.
						Pas un homme de la reserve n'avait été nécessaire et
						n'avait donné nulle part.   
					 La canonnade ne se soutenait plus qu'à notre droite.
						Le corps ennemi qui avait été cerné et chassé de
						toutes ses hauteurs se trouvait dans un bas-fonds et acculé à un
						lac. L'Empereur s'y porta avec vingt pièces de canon. Ce corps fut
						chassé de position en position, et l'on vit un spectacle horrible, tel
						qu'on l'avait vu à Aboukir: 20,000 hommes se jetant dans l'eau et se
						noyant dans les lacs!  
					 Deux colonnes, chacune de 4,000 Russes, mettent bas les
						armes et se rendent prisonnières. Tout le pare ennemi est pris. Les
						résultats de cette journée sont quarante drapeaux russes, parmi
						lesquels sont les étendards de la garde impériale, un nombre
						considérable de prisonniers (l'état-major ne les connaît
						pas encore tous; on avait déjà la note de 20,000); 12 ou 15
						généraux, au moins 15,000 Russes tués, restés sur
						le champ de bataille. Quoiqu'on n'ait pas encore les rapports, on peut, au
						premier coup d'il, évaluer notre perte à 800 hommes
						tués et à 15 ou 1,600 blessés. Cela n'étonnera pas
						les militaires, qui savent que ce n'est que dans la déroute qu'on perd
						des hommes, et nul autre corps que le bataillon du 4e n'a été
						rompu. Parmi les blessés sont le général Saint-Hilaire,
						qui, blessé au commencement de l'action, est resté toute la
						journée sur le champ de bataille ; il s'est couvert de gloire ; les
						généraux de division Kellermann et Walther, les
						généraux de brigade Valhubert, Thiebault, Sebastiani, Compans et
						Rapp, aide de camp de l'Empereur. C'est ce dernier qui, en chargeant à
						la tête des grenadiers de la Garde, a pris le prince Repnine, commandant
						les chevaliers de la garde impériale de Russie.   
					  Quant aux hommes qui se sont distingués, c'est toute
						l'armée qui s'est couverte de gloire. Elle a constamment chargé
						aux cris de Vive l'Empereur! et l'idée de célébrer si
						glorieusement l'anniversaire du couronnement animait encore le soldat.   
					 L'armée française, quoique nombreuse et belle,
						était moins nombreuse que l'armée ennemie, qui était forte
						de 105,000 hommes, dont 80,000 Russes et 25,000 Autrichiens. La moitié
						de cette armée est détruite ; le reste a été mis en
						déroute complète, et la plus grande partie a jeté ses
						armes.   
					 Cette journée coûtera des larmes de sang
						à Saint-Pétersbourg. Puisse-t-elle y faire rejeter avec
						indignation l'or de l'Angleterre, et puisse ce jeune prince, que tent de versus
						appelaient à être le père de ses sujets, s'arracher
						à I'influence de ces trente freluquets que l'Angleterre solde avec art,
						et dont les impertinences obscurcissent ses intentions, lui font perdre l'amour
						de ses soldats, et le jettent dans les opérations les plus
						erronées! La nature, en le douant de si grandes qualités, l'avait
						appelé à être le consolateur de l'Europe. Des conseils
						perfides, en le rendant l'auxiliaire de l'Angleterre, le placeront dans
						l'histoire au rang des hommes qui, en perpétuant la guerre sur le
						continent, auront consolidé la tyrannie Britannique sur les mers et fait
						le malheur de notre génération. Si la France ne peut arriver
						à la paix qu'aux conditions que l'aide de camp Dolgorouki a
						proposées à l'Empereur' et que M. de Novosiltzof avait
						été chargé de porter, la Russie ne les obtiendrait pas,
						quand même son armée serait campée sur les hauteurs de
						Montmartre.  
					 Dans une relation plus détaillée de cette
						bataille , l'état-major fera connaître ce que chaque corps ,
						chaque officier, chaque général , ont fait pour illustrer le nom
						français et donner un témoignage de leur amour à leur
						Empereur.   
					  Le 12, à la pointe du jour, le prince Jean de
						Liechtenstein, come mandant l'armée autrichienne, est venu trouver
						l'Empereur à son quartier général, établi daus une
						grange; il en a eu une longue audience.   
					 Cependant nous poursuivons nos succès. L'ennemi s'est
						retiré sur le chemin d'Austerlitz à Goeding. Dans cette retraite,
						il prête le flanc. l'armée française est déjà
						sur ses derrières et le suit l'épée dans les reins..   
					  Jamais champ de bataille ne fut plus horrible. Du milieu de
						lacs immenses, on entend encore les cris de milkers d'hommes qu'on ne peut
						secourir. Il faudra trois jours pour que tous les blessés ennemis soient
						évacués sur Brünn ; le coeur saigne. Puisse tent de sang
						versé, puissent tent de malheurs retomber enfin sur les perfides
						insulaires qui en sont la cause! Puissent les làches oligarques de
						Londres porter la peine de tent de maux!   
					 Moniteur du 2cù frimaire au XIV. (En minute au
						Dépôt de la guerre.) |